6ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 6 février 2022Heureux l’homme qui met sa foi
dans le Seigneur !
Homélie
Textes bibliques : Lire
Le 11 février 1858, la vierge apparaissait pour la première fois à Bernadette de Lourdes. Depuis plusieurs années, ce 11 février est devenu la journée mondiale des malades mais aussi celle de tout le monde de la santé, médecins, infirmières, aides soignants, visiteurs, service évangélique des malades… Le thème de cette journée se résume dans un titre : « Heureux. »
Les lectures de ce dimanche nous rejoignent dans ce défi. Nous avons d’abord le prophète Jérémie qui nous invite à mettre toute notre confiance en Dieu. Ensuite, saint Paul insiste sur la foi en Jésus ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité. C’est aussi ce paradoxe que l’Évangile nous décrit. Jésus nous propose un chemin impossible du simple point de vue humain. Au nom de notre bon sens, nous avons envie de réagir : Pour avoir le courage de vivre, il faut bien s’appuyer sur du solide, du visible, il faut avoir un minimum de bien être, être reconnu dans ce que nous sommes et ce que nous faisons, être aimé de quelqu’un, avoir une bonne santé. La promesse d’un bonheur futur dans l’au-delà peut-elle suffire pour nous donner le goût de vivre ? Voilà ce que beaucoup pensent autour de nous.
Mais le plus important c’est de voir ce que le Christ nous en dit et d’accueillir son message. Il n’annonce pas le bonheur de demain par opposition au malheur d’aujourd’hui. C’est même le contraire : il annonce le bonheur d’aujourd’hui à ceux qui, aux yeux des hommes, sont malheureux. Et il met en garde ceux qui sont heureux aujourd’hui car demain, ils pourraient être malheureux. Comprenons bien : Ce n’est pas lui qui va provoquer le malheur de ces derniers. C’est eux qui vont subir les conséquences d’un mode de vie qui va les entraîner vers leur perte.
« Heureux vous les pauvres de cœur ! » Cela ne veut pas dire : « Heureux les misérables ». La misère est toujours une insulte à Dieu. Dans le cas présent, Jésus nous parle du bonheur de ceux qui ne se prévalent pas de leurs richesses, de leurs connaissances et de leur sagesse. Il s’adresse à ceux qui se reconnaissent pauvres devant Dieu et leurs frères. Ils se débarrassent de tout esprit de supériorité. Ils sont entièrement disponibles pour accueillir la Bonne Nouvelle de l’Évangile.
Par contre, malheur à moi si mes biens matériels tendent à me replier sur moi-même. Si je mets ma joie dans mon argent et dans ma réussite matérielle, j’ai un cœur de païen. Mais tout cela ne dure qu’un temps. Les richesses que nous accumulons ne valent que dans le monde des hommes. Aux yeux de Dieu, les vrais biens sont ailleurs. Bernadette de Lourdes a été réellement pauvre. Elle a pleuré sur ses péchés. Elle a été la risée de la moitié de la ville. Mais en choisissant de s’en remettre au Seigneur et de lui faire confiance, elle a trouvé le vrai bonheur.
Les personnes malades et handicapées se reconnaissent dans ce message d’espérance. A Lourdes, Marie nous permet d’entrevoir le monde de la résurrection dont parlait saint Paul. L’Immaculée Conception est aussi Marie de l’Assomption. Ce que Dieu a fait pour elle, il veut aussi le réaliser pour nous. Nous sommes tous appelés à partager son bonheur auprès de Dieu. Croire au Christ ressuscité c’est être engagé dès maintenant dans la Vie Éternelle. C’est entrer dans l’espérance du Royaume en constituant le peuple de la Nouvelle Alliance.
Notre rôle de chrétiens c’est d’être témoins et messagers de cette Bonne Nouvelle. Nous le serons non seulement par nos paroles mais surtout en vivant de cet amour que le Seigneur met en nous. Nous sommes tous les membres du Corps du Christ. Et c’est précisément auprès des pauvres, des malades, des exclus, des sans espoir que nous aurons à révéler l’amour de Dieu. Par notre manière de vivre, d’aimer et d’accueillir, nous montrons au monde qu’il y a une place pour chacun dans le Royaume de Dieu.
Nous sommes tous invités à passer de la « sagesse des hommes » à « la Sagesse de Dieu » qui est fondée sur l’amour. Le Christ ressuscité est vainqueur de la mort et du péché. C’est en lui que nous mettons notre foi en préparant activement le Royaume de demain. Chacun, qu’il soit malade ou bien portant, y a sa part. A la suite du Christ, nous pouvons tous apporter la pierre précieuse de l’amour. Il ne peut y avoir d’exclu pour le Royaume.
Le message des béatitudes est toujours d’actualité. La dignité éternelle de l’homme est en péril lorsque les intérêts économiques et financiers deviennent des objectifs majeurs. La bonne santé d’une société ne se mesurera jamais à la seule capacité de soigner les corps. Elle se mesurera à sa capacité de vivre la fraternité et la solidarité. Ce qui est premier c’est que toute notre vie soit remplie de l’amour de Dieu. Les corps disparaîtront. « L’amour ne passera jamais. »
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Rares sont les passages d’Évangile qui ont provoqué autant de commentaires et d’interprétations que ceux des ‘Béatitudes’ ! Cette page d’Évangile n’a cessé d’interroger des générations de croyants et de non-croyants, car la question du bonheur et du malheur est vieille comme le monde. À travers le ‘Sermon sur la montagne’, Jésus renverse les idées reçues sur le bonheur égocentrique et prend le contre-pied de la culture courante. Il nous livre le message d’un bonheur impérissable ! Le bonheur intérieur permanent !
« Heureux, vous les pauvres ! Heureux, vous qui avez faim ! Heureux, vous qui pleurez ! » « Malheureux, vous les riches ! Malheureux, vous qui riez ! »… Une fois de plus, la Parole de Dieu nous déconcerte ! Aujourd’hui, il est même inconvenant de tenir de tels propos à un demandeur d’emploi, à un grand malade, ou à l’un quelconque des marginalisés de notre société ! Des Paroles que les personnes mal renseignées peuvent interpréter le christianisme comme une religion des faibles prêts à se réconforter dans les consolations illusoires d’un paradis lointain… Les chrétiens, selon ces personnes, se réfugieraient dans les promesses d’un autre monde par démission de leur responsabilité dans la vie présente, une vie à conquérir. Et pourtant, malgré toutes ces critiques, les ‘Béatitudes’ nous parlent réellement de ce que le cœur humain espère et attend : le ‘Bonheur’. Oui, le vrai ‘Bonheur’. Mais d’une manière qui nous déroute et nous désarçonne. Le bonheur en toute situation ! La vraie plénitude d’un bonheur durable !
Depuis toujours, la quête du bonheur habite le cœur de l’homme. Au plus profond de lui-même, tout être humain aspire à une vie heureuse, à se débarrasser autant que possible des désagréments de la vie. On s’engage dans une course-poursuite effrénée d’un état de bien-être intense, à savoir la matérialisation de tous nos désirs ! Qui ne rêve pas de découvrir un jour ce trésor tant convoité ? ‘Bonheur’ ! Un mot et mille possibilités, car chacun porte en soi sa propre conception de ce bien-être suprême. À chacun son bonheur. Difficile par conséquent d’apporter une réponse globale capable de satisfaire tout le monde. Pour certains, le bonheur c’est l’amour. Pour d’autres, c’est l’argent ou la réussite personnelle. Cependant, il ne faut pas confondre ‘bonheur’ avec ‘plaisir’ ou ‘euphorie’. Ce genre de bonheur ne dure jamais longtemps. Il a son temps, le ‘bon temps’ qui passe. Le bonheur inaltérable est plus profond. Il habite au fond de nous-mêmes. Car au-delà du plaisir, nous pouvons développer un état durable d’harmonie. Les éléments extérieurs ne jouent qu’un rôle déclencheur ! Voilà pourquoi, certaines personnes peuvent vivre de succès en succès sans jamais connaître le bonheur, alors que d’autres s’épanouissent avec le peu qu’ils possèdent. Oh oui, bien des gens ne seront jamais heureux tout simplement parce qu’ils ne poursuivent que des chimères.
Mais où se cache la clé du bonheur ? Un bonheur durable ! Le Livre de la Sagesse nous appelle à la vigilance sur le caractère éphémère des mirages. ‘Vanité des vanités, tout est vanité !’ (Ecclésiaste 1:2) Le vrai ‘Bonheur’ est un chemin de découverte qui doit mobiliser toute notre attention. C’est un parcours et en même temps une quête permanente. C’est peut être un sentier en terre battue mais au milieu d’un paysage magnifique. Il serait bien dommage de passer à côté sans l’apercevoir. Des fois, c’est une voie cabossée mais bordée de fleurs. Quel gâchis de ne pas s’arrêter de temps à autre pour les apprécier. Cela pourrait être aussi une large allée verdoyante et lumineuse. Un vrai plaisir de goûter autant de joies sur ce chemin et de les partager avec ceux qui nous côtoient. On se plaint souvent de la pollution lumineuse qui nous cache la Voie Lactée. Eh bien, les futilités voilent aussi notre vue à long terme et nous empêchent d’apercevoir le vrai ‘Bonheur’. On s’attache aux babioles ou à une brève escapade sans avenir au lieu d’aller chercher le ‘Bonheur’ en soi, le vivre, lorsqu’il survient. Le cueillir comme une fleur. Et le conserver en soi, comme un refuge d’âme. Le ‘Bonheur’ est comme un bon plat à déguster en bonne compagnie. Ainsi en ouvrant largement notre cœur, le ‘Bonheur’ peut s’y engouffrer profondément.
Le message des ‘Béatitudes’ nous pousse à rechercher le ‘Bonheur’ dans l’Amour et le don de soi. Jésus prêche le non-attachement aux objets du désir. Un renversement radical des mentalités et des valeurs. Il nous invite à la conversion du regard et du cœur par rapport à ce que nous aspirons avoir dans ce monde, à savoir la richesse, le bien-être et l’honneur. Loin d’éteindre en nous la joie de vivre, les ‘Béatitudes’ nous rappellent que le vrai ‘Bonheur’ ne se réduit pas à la seule satisfaction personnelle. Il nous ouvre sur un horizon beaucoup plus large, vers les autres ! Saint Paul prône l’harmonie avec l’entourage dans l’Amour de Dieu. « Frères, soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous. » (2 Cor 13:11) De ce fait, la vie deviendrait douce et agréable. L’altruisme contribue ainsi à améliorer le bien-être personnel et celui des autres. Ce chemin du Bonheur est indéfectible et inaltérable. Il nous ouvre sur le monde. Ce vrai ‘Bonheur’ est le fruit de l’Amour. Il est offert à tous sans exception. Il nous suffit de tendre la main pour le cueillir et l’offrir autour de nous !
Nguyễn Thế Cường Jacques